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Vous trouverez ici une présentation de la Gestaltthérapie à partir d’articles publiés entre 2009 et 2018 dans Psychologie Magazine, Le Cercle Psy, Sciences Humaines et le Journal des Psychologues.

Identité


La Gestalt, du verbe allemand gestalten, « mettre en forme », s’intéresse à nos interactions : comment entrons-nous en « contact » avec nous-mêmes, les autres, le monde ? Quelle « forme » prend ce contact ? Il s’agit de remettre de la souplesse et de la mobilité quand tout semble bloqué.

Pour qui :


La Gestalt-thérapie s’adresse aux personnes souffrant de mal-être, de troubles psychosomatiques ou psychiques, de dépression, d’anxiété, de troubles du comportement, d’addictions. Cette approche est aussi indiquée pour résoudre les difficultés relationnelles (couple, famille, travail) ou existentielles (période de deuil, chômage, séparation, désir d’enfant…)

Comment ça marche :


Elle se pratique en psychothérapie individuelle, mais aussi en couple, en famille, en groupe et en entreprise. En face à face, la séance, généralement hebdomadaire, dure de quarante-cinq minutes à une heure. Parce que cette approche s’adapte à la situation spécifique du patient, la thérapie peut durer de quelques consultations à plusieurs années. Des stages peuvent être proposés sur une ou deux journées, ou encore des séances de groupe mensuelles.

Pourquoi ça marche :


Il s’agit d’améliorer ses capacités à prendre soin de soi pour répondre à ses propres besoins, tout en tenant compte de l’extérieur. La question n’est pas « pourquoi on fait ceci ou cela ? », mais « comment peut-on faire différemment ? ». « L’anxiété, d’un point de vue gestaltiste, est autant une expression de l’histoire personnelle que d’une difficulté à vivre au sein de notre environnement, caractérisé par l’incertitude, la complexité et la solitude, explique Gianni Francesetti. Pour le thérapeute, le patient est moins un malade qu’un être humain, en quête de sens, qui exprime le malaise de son temps. Le facteur thérapeutique essentiel est la qualité de contact entre le thérapeute et son patient.


Propos de Gianni FRANCESETTI parus dans PSYCHOLOGIE MAGAZINE - Janvier 2018.

Quelques concepts


La Gestalt-thérapie se fonde sur la théorie du self. Le self gestaltiste n’est pas une entité : il est notre manière d’être au monde. Ce sont ses perturbations qui font l’objet de la thérapie. D’une certaine manière, la théorie gestaltiste a accompagné l’ère de la photographie à celle du cinéma : elle s’adresse au « processus », à l’ajustement permanent entre un organisme et son environnement. Cet ajustement est par définition en perpétuel changement. Il n’est pas possible de fixer ce contact, comme une photo pourrait fixer une expression, une mimique. La Gestalt-thérapie met donc l’accent sur la prise de conscience du processus en cours, dans l’ici et maintenant de chaque situation.


On classe habituellement la Gestalt dans le courant des psychologies humanistes ou existentielles. Son originalité n’est pas dans ses techniques mais plutôt dans sa visée : élargir le champ de nos possibles, augmenter notre capacité d’adaptation à des êtres et des environnements différents, restaurer notre liberté de choix. Elle place le client comme acteur du changement et la relation comme moteur de ce changement. Cette approche remet en cause la vision individualiste de l’homme, typique de la pensée cartésienne, selon laquelle l’être humain est indépendant de son environnement : en réalité, il influence son entourage autant qu’il est influencé. Il est fondamental de comprendre le caractère indissociable de cette unité organisme/environnement, que les gestaltistes appellent le champ.


Propos de Gonzague MASQUELIER parus dans SCIENCES HUMAINES – Juillet-août 2009.
Repris dans le SCIENCES HUMAINES – Hors-série Octobre-Novembre 2014.

Méthode


Nous invitons les personnes à prendre conscience de ce qu’elles éprouvent corporellement : « Alors que vous parlez de ce problème, essayez de voir tout ce qui se passe, vos images, vos sensations, vos émotions… » On apprend dès le départ aux gens à faire attention à leur ressenti, à conscientiser ce qui se passe dans leur corps, pour mieux comprendre leurs problématiques. Régulièrement, on invite le patient à revenir à son corps, être attentif à sa respiration, cela l’empêche de ruminer. Les gens sont d’ailleurs très en demande pour revenir à cette dimension. C’est déjà un bénéfice pour eux. Et cela ouvre à tout un travail d’association entre des gestes, des pensées, des sensations, et donc de conscientisation.


Propos de Sylvie SCHOCH de NEUFORN recueillis par Jean-François Marmion – LE CERCLE PSY – Janvier-Février 2017.


Le thérapeute s’implique personnellement dans la relation. Le thérapeute est au « contact », et sensible à ce qu’il éprouve en présence du patient (ce qu’on appelle en langage gestaltiste « awareness »). L’objectif de cette posture est d’aider le patient à accéder à ses propres émotions (« consciousness »).
L’objectif de la Gestalt-thérapie est de remettre en marche la personne pour qu’elle modifie ses habitudes relationnelles. Selon Fritz Perls, fondateur de la Gestalt-thérapie, lorsque le patient se trouve de nouveau en contact avec ses propres émotions, il crée lui-même les ajustements nécessaires pour retrouver l’équilibre (c’est « l’ajustement créateur »)


Propos de Gonzague MASQUELIER parus dans SCIENCES HUMAINES – Hors-série Octobre-Novembre 2014.

Implication corporelle


La Gestalt-thérapie considère la personne et son environnement comme une totalité qu’on ne peut séparer. On ne peut, a fortiori, séparer la personne de son corps, de même qu’elle ne peut l’être de son mental. La corporéité, la sensibilité, l’idéation, sont inséparables. En fait, malgré mon intérêt pour "l’expérience somatique", je ne me considère pas comme quelqu’un qui travaille avec le corps en psychothérapie. En séance, je me situe plutôt dans ce lieu où corps et monde interagissent, cette expérience augurale où l’un et l’autre s’interpénètrent dans le mouvement. En Gestalt-thérapie, nous disons que cette rencontre advient à travers des processus de contact, c’est-à-dire là où se situe l’action ».


« On rencontre cela fréquemment au début de la thérapie, lorsque les patients expriment leurs sentiments d’être victimes des circonstances, d’être isolés et aliénés. Coupés de leurs expériences motrices et sensorielles, ils doivent deviner comment évaluer les situations. Ils tentent de valider leur réalité par les idées et l’imaginaire en s’accrochant désespérément à des croyances sur eux-mêmes et sur le monde, faute de pouvoir en faire une expérience directe. Dans mon travail, je fais du mouvement la source et le fondement de l’expérience et j’accorde une grande attention aux mouvements qui émergent entre thérapeute et patient. »


Propos de Ruella Franck parus dans le Journal des psychologues n°359 (juillet-août 2018)

Histoire-Géographie


La Gestalt a été fondée par Fritz Perls, psychiatre et psychanalyste allemand émigré aux Etats-Unis. Son ouvrage princeps, Gestalt Therapy, co rédigé avec Paul Goodman et Ralph Hefferline, paraît en 1951. Le premier institut s’ouvre à New York, sous l’édide de Laura Perls. La Gestalt prend son essor en Californie dans les années 1960, accompagnant le mouvement de contre-culture (recherche de créativité et de nouvelles valeurs humanitaires). Des séminaires gestaltistes sont proposés en France dès 1971, et la première formation structurée en 1979. Deux grands courants se dessinent : les uns restent fidèles à la théorie du self et ne reconnaissent que la Gestalt-thérapie proprement dite ; les autres souhaitent élargir les domaines d’application, et adaptent la Gestalt aux institutions et entreprises (formation, conseil, coaching). Deux revues, une centaine d’ouvrages, et près de 2000 articles témoignent aujourd’hui de la vitalité de la Gestalt francophone. Elle a également imprégné la pratique de nombreux thérapeutes qui ont intégré certains concepts ou certaines expérimentations, sans se référer uniquement à cette approche. Il suffit de parcourir les annonces d’une revue à orientation psychologique pour constater que ce terme est l’un des plus souvent utilisé par les psychothérapeutes présentant leur pratique. Cette approche est en rapide développement en Europe, en particulier dans les pays de l’Est-européen, ainsi qu’en Amérique latine.


Propos de Gonzague MASQUELIER recueillis par SCIENCES HUMAINES – Juillet-août 2009.

QUELQUES APPLICATIONS


Situation groupale
« La situation groupale, particulièrement celle qui découle de la Gestalt de groupe, met à l’épreuve les habitudes de fonctionnement (habitudes de langage, de comportement, de pensée). Elle contraint à traverser des stéréotypes culturels, des représentations figées, des évidences jamais revisitées, à se confronter à la pleine présence des autres, à la réactivation d’anciennes angoisses, à s’engager dans l’inconnu, à inventer, construire, une forme nouvelle, spécifique à ce groupe, de contact, d’expression de soi, de rapport aux autres. Dans cette perspective, l’intimité, ce n’est plus nécessairement le dévoilement de sa vie personnelle, mais plutôt le partage de ce que l’on ressent profondément de soi, des autres et du groupe à l’occasion du groupe. Cette intimité-là n’appartient pas seulement à l’individu. Elle émerge au gré des interactions, elle est produite de la vie même du groupe. En ce sens, la gestalt de groupe ne vise pas seulement à opérer des changements individuels, mais aussi à agir du changement social. »


Propos d’Yves Mairesse en référence aux travaux de Gilles Delisle (Psychothérapie Gestaltiste des Relations d’Objet) parus dans le Journal des psychologues n°359 (juillet-août 2018)


Psycho-traumatisme
« Ce que la pratique clinique montre de façon récurrente, c’est que, lorsque nous arrivons à réorienter l’expérience somatique de nos clients du ressenti de danger vers celui de sécurité, le trauma peut commencer à se résoudre. Nous pouvons penser en termes de création de nouveaux réseaux neuronaux, indépendamment de l’âge des clients, qui produisent une transformation des conditions physiologiques et favorisent le rétablissement et la croissance. « Ce processus (de croissance neuronale) requiert des conditions d’absence de stress, indiquant ainsi que la réduction de stress est un préalable » (Taylor, 2014) »


« En tant que gestalt-thérapeute, il m’importe de vivifier les capacités sensorielles non seulement pour que le client s’ouvre à un ensemble important d’informations, mais aussi pour que puissent se créer les choix d’une vie plus pleine. En effet, l’une des conséquences du trauma est de réduire drastiquement la possibilité de faire des choix. Il ne me suffit pas que mes clients soient libérés de leurs symptômes, je veux encore faciliter leur croissance avec une vie qui ait du sens. »


Propos de Myriam Taylor parus dans le Journal des psychologues n°359 (juillet-août 2018)